lundi 15 mars 2010

Souvenirs d'une cinéphilie sulfurique (le jour de la Ste Justine)

(Publié initialement sur mon mur FB le 12 mars 2010)

Quand, à l'orée des années 80, je suis devenu un vampire qui préférait passer ses mercredis et samedis aprem dans les salles obscures de la Canebière plutôt que de courir dans les collines qui surplombent St Thys, le désir d'interdit s'est très rapidement emparé de moi. Mon premier souvenir de désir impérieux d'interdit cinématographique fut Mad Max de Miller. Le film avait été "X-é" et éveillait donc tous les fantasmes qui garantissent en principe une profonde déception une fois l'acte consommé. Je pus enfin le voir à l'arrière d'une 2-chevaux dans l'un des deux drive-in catalans de l'époque. Les films interdits aux moins de 13 ans étaient également objets de convoitise intense. Grâce au père de mon complice, nous pûmes découvrir, avant l'âge autorisé, ce qui se cachait derrière l'affiche alléchante de Scanners de Cronenberg et voir des films érotiques diffusés dans certaines salles de l'avenue qui mène au bout de la terre, et qui auraient dû être poursuivies pour tromperie sur la marchandise. Cette période d'interdits prit fin vers mes 14 ans quand je pus enfin voir en vidéo le Chainsaw Massacre et les films de Romero.

Après ? Beaucoup de liberté et un appétit cinéphagique féroce, satisfait au ciné-club du foyer rural ou au Cinématographe, LA salle de Perpignan, mais plus vraiment d'interdits... jusqu'à ce que, devenu majeur, j'entende parler de Salo de Pasolini. La teneur en soufre était telle qu'ils avaient dû mettre le métrage en quarantaine dans un cinéma près de Beaubourg avec 1 séance hebdomadaire le samedi à... minuit. Là, le film était à 10 000 coudées au-dessus de sa réputation. Aucune déception, juste un sale coup de poing dans la gueule.

Depuis ? Rien, vu que l'interdit se nourrit d'invisibilité et de rareté et que depuis l'édition tous azimut en DVD et le partage des divX en peer-to-peer, tout est trouvable et consommable. Pourtant, ces dernières années, à commencer par le premier Funny Games, les films dérangeants n'ont pas manqué, qui auraient illico écopé d'un "X" sous Giscard.

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